Analyse de l'OR et de ses Usages comme Matériau pictural | Analysis of Gold and its Uses as a Painting material | Un carnet de recherche de l'INHA | A research notebook of INHA
Séminaire AORUM | “Pour une histoire matérielle de l’art. L’or et ses usages dans la peinture de la première modernité”
Séance 6 : Un matériau malléable : l’or dans les écrits techniques À l’INHA, le mardi 3 juin 2025, de 16h à 18h30 (1er étage, salle Vasari).
À compter du XVIe siècle, la recherche insatiable de l’or dans les Amériques marque un tournant dans l’histoire culturelle de ce métal. En ouverture, Rebecca Zorach, professeure à l’université Northwestern de Chicago et chercheuse invitée à l’INHA, reviendra sur le défi posé par la colonisation des Amériques aux systèmes de valeurs fondamentaux des sociétés européennes, en retraçant les idées émises sur la matérialité de l’or comme monnaie et comme moyen d’expression artisanale et artistique. En contrepoint, Romain Thomas interrogera le statut de ce matériau à travers l’étude de différents motifs iconographiques de la peinture européenne qu’il magnifie.
Avec Rebecca Zorach (Northwestern University), en dialogue avec Romain Thomas (INHA/Université Paris Nanterre).
Vue d’analyse XRF : Abraham Goovaerts et Frans Francken II, La Vierge dans une forêt, pigments et or à l’huile sur cuivre, 37 x 56 cm. Dijon, musée des Beaux-Arts (détail)
Séminaire AORUM | “Pour une histoire matérielle de l’art. L’or et ses usages dans la peinture de la première modernité”
Séance 5 : Un matériau malléable : l’or dans les écrits techniques À l’INHA, le mardi 13 mai 2025, de 16h à 18h30 (rez-de-chaussée, salle Walter Benjamin).
L’analyse physico-chimique est une démarche incontournable pour identifier et comprendre les techniques de dorure employées par les peintres. En ouverture de cette séance, Maria Guerra, directrice de recherche au CNRS (laboratoire MONARIS), reviendra sur les approches analytiques permettant de révéler les techniques de production d’objets d’orfèvrerie, et de déterminer l’origine de l’or, notamment dans le cas de bijoux d’Égypte ancienne et d’objets précolombiens. En contrepoint, Laurence de Viguerie, chargée de recherches au CNRS (laboratoire LAMS), présentera les premiers résultats des analyses réalisées dans le cadre du programme AORUM, en interrogeant par différentes études de cas les relations entre dorure et peinture.
Avec Maria Guerra (laboratoire MONARIS, CNRS / Sorbonne Université), en dialogue avec Laurence de Viguerie (laboratoire LAMS, CNRS).
A. Boogert, De Klaer Lightende Spiegel der Verfkonst (Le miroir éclairé de la peinture), 1692, encre et feuille d’or à la détrempe sur papier, 16 x 9,5 cm. Aix-en-Provence, bibliothèque Méjanès, ms. 1389 (1228), f. 23v-24 (détail)
Séminaire AORUM | “Pour une histoire matérielle de l’art. L’or et ses usages dans la peinture de la première modernité”
Séance 4 : Un matériau malléable : l’or dans les écrits techniques À l’INHA, le mardi 8 avril 2025, de 16h à 18h (rez-de-chaussée, salle Walter Benjamin). Accès libre dans la limite des places disponibles.
L’or a cela de paradoxal qu’il est à la fois l’un des matériaux les plus inaltérables, et, dans ses usages, un métal fragile, particulièrement malléable, tant du point de vue de la technique que de l’histoire culturelle. Pour envisager cette tension, Marjolijn Bol, professeure associée à l’université d’Utrecht, interrogera les recettes de l’époque moderne visant à rendre l’or plus durable. En contrepoint, les membres de l’équipe AORUM présenteront leurs travaux sur les sources en langue française qui, de la fin du Moyen Âge au XVIIe siècle, décrivent des techniques de dorure en peinture, en abordant les contextes de rédaction, la terminologie et les modalités d’usage que ces écrits transmettent.
Avec Marjolijn Bol (Utrecht University), en dialogue avec Elliot Adam (INHA), Claire Bételu (HiCSA), Marie-Anne Sarda (INHA) et Romain Thomas (INHA/Université Paris Nanterre).
Hans Holbein le Jeune, Portrait de Henri VIII, 1540, pigments et or à l’huile sur bois, 88,5 x 74,5 cm. Rome, Galleria Nazionali Barberini Corsini, Palazzo Barberini.
De l’or dans les œuvres de Dürer, Carrache ou Vermeer ? L’école d’été du programme de recherche AORUM (Analyse de l’OR et de ses Usages comme Matériau pictural) invite les acteurs de l’histoire de l’art à interroger l’usage de l’or comme matériau dans les arts. Organisée à Paris du lundi 23 au jeudi 26 juin 2025 avec le concours d’une trentaine d’intervenants, cette programmation d’ateliers et de visites en groupe restreint, adossée à un cycle de conférences et de tables-rondes ouvertes au public, proposera à un groupe de quinze participants l’opportunité unique d’une expérience de recherche, d’apprentissage et de rencontres autour du thème de l’usage de l’or en peinture et dans les arts. On examinera les enjeux propres à l’histoire de l’art et à l’histoire des techniques artistiques, mais aussi toutes les questions que l’emploi de l’or suscite du point de vue des spécialistes de physico-chimie et d’optique, des conservateurs-restaurateurs, comme des professionnels des musées et du patrimoine (muséologie, scénographie, éclairage).
À travers cette initiative, AORUM, projet ANR-22-CE27-0010 et programme de recherche de l’INHA depuis 2023, soutenu par la Fondation des Sciences du Patrimoine (ANR-17-EURE-0021), par la COMUE Université Paris Lumières et par le musée du Louvre, entend diffuser les premiers résultats de ses travaux interdisciplinaires, sensibiliser les acteurs de l’histoire de l’art et du patrimoine aux spécificités de l’or et aux approches matérielles en histoire de l’art, et encourager la constitution d’un réseau d’intérêts partagés dans la communauté scientifique.
Pour qui ?
L’école d’été s’adresse aux acteurs de l’histoire de l’art, junior ou confirmés, dans la diversité de leurs métiers : historiens de l’art universitaires (du doctorant au chercheur sénior), conservateurs du patrimoine, conservateurs-restaurateurs, et plus largement tous les professionnels des sciences du patrimoine. Les quinze participants de l’école d’été témoigneront d’un intérêt marqué pour l’étude des œuvres, pour les approches matérielles en histoire de l’art ou encore pour les techniques de dorure.
Les candidatures européennes sont les bienvenues, sous réserve d’une bonne maîtrise du français qui sera la langue privilégiée pour les interventions et discussions (une seule conférence en anglais).
Programme prévisionnel Les quinze participants retenus suivront l’ensemble de la programmation de l’école d’été, qui s’articule entre d’une part des ateliers et des visites réservés aux participants retenus, et d’autre part des conférences et des tables-rondes à l’INHA ouvertes au public. Le programme prévisionnel, développé ci-dessous à titre indicatif, est susceptible d’évoluer.
Lundi 23 juin 2025
– Accueil à 9h.
– Conférence ouverte, INHA : L’or et ses usages comme matériau pictural : introduction au programme AORUM (Elliot Adam, Christine Andraud, Romain Thomas, Laurence de Viguerie, Dan Vodislav).
– Atelier, INHA : Introduction à l’école d’été et présentation des participants.
– Visite, Monnaie de Paris : L’or, du minerai à la monnaie (avec Dominique Antérion et les artisans des ateliers de la Monnaie de Paris).
– Visite, Hôtel de Lauzun : L’or dans les décors peints d’un hôtel particulier du XVIIe siècle (avec Christiane Dijeaux, conférencière, Ville de Paris).
– Conférence ouverte, INHA : L’or et la perspective au Quattrocento : Fra Angelico, titre à préciser (Saskia C. Quené, professeure assistante, Université de Tübingen).
Mardi 24 juin 2025
– Visite, Musée du Louvre : Les usages de l’or dans les peintures italiennes des XVe et XVIe siècles (avec Vincent Delieuvin, musée du Louvre ; Laura Pichard, musée du Grand Siècle).
– Atelier, Musée du Louvre, centre Dominique-Vivant-Denon : L’apport des archives de laboratoire à l’étude des dorures (Elliot Adam et Romain Thomas).
– Atelier, Musée du Louvre : Les usages de l’or dans les peintures françaises, germaniques et flamandes des XVe, XVIe et XVIIe siècles (avec Sophie Caron, musée du Louvre).
– Atelier, INHA : La base de données AORUM : vocabulaires contrôlés et indexation des dorures dans les peintures (avec Natacha Grim, INHA).
– Table-ronde (ouverte), INHA : Exposer et éclairer l’or dans les musées (Lionel Simonot, Institut P’, modérateur ; Jean-Roch Bouiller, directeur du musée de la Cité de l’architecture et du patrimoine ; Maëlys Chevillot, scénographe, Agence Nathalie Crinière ; Stéphanie Daniel, éclairagiste, Agence Stéphanie Daniel ; Elodie Salatko, éclairagiste, Agence ACL Atelier Conception Lumière).
Mercredi 25 juin
– Table-ronde ouverte, INHA : Regards croisés sur la restauration des dorures (Claire Bételu, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, modératrice ; Marie Dubost, restauratrice indépendante ; Séverine Françoise, restauratrice indépendante).
– Atelier, INHA, bibliothèque : L’or dans les écrits techniques : le Traité du frère Sébastien de Saint-Aignan (1644) (avec Marie-Anne Sarda, INHA).
– Atelier, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre Malher : Initiation pratique aux techniques de dorure (avec Claire Bételu, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Marie Dubost, restauratrice indépendante).
– Atelier, Muséum national d’histoire naturelle, Centre de recherche sur la conservation : Outils et méthodes de l’analyse physico-chimique et de l’analyse optique des dorures (avec Christine Andraud, CRC/MNHN, et Laurence de Viguerie, LAMS/CNRS/Sorbonne Université).
– Conférence ouverte, INHA : L’or et les techniques de dorure dans le monde byzantin, titre à préciser (Maximilien Durand, directeur du département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient, musée du Louvre).
Jeudi 26 juin
– Conférence ouverte, INHA : L’or dans la peinture : études de cas, titre à préciser (Elliot Adam, pensionnaire, et Romain Thomas, conseiller scientifique, INHA).
– Atelier, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits : L’or dans l’enluminure et la chrysographie des manuscrits du monde islamique (avec Khalid Chakor-Alami, BnF, et Eloïse Brac de La Perrière, INHA/Sorbonne Université).
– Visite, Bibliothèque nationale de France, département des Monnaies, Médailles et Antiques : Les monnaies et médailles d’or à l’époque moderne.
– Visite, Musée du quai Branly-Jacques Chirac : Visite de l’exposition « Au fil de l’or. L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant ».
– Atelier, INHA : Bilan de l’école d’été et retours d’expérience des participants.
– Conférence ouverte, INHA : Une histoire culturelle de l’or, titre à préciser (Rebecca Zorach, professeure, université Northwestern, et chercheuse invitée à l’INHA).
– Dîner de clôture.
Candidature Les candidats (chercheurs, conservateurs, doctorants, enseignants-chercheurs, post-doctorants, restaurateurs, spécialistes de sciences de la conservation, et autres professionnels du patrimoine) sont invités à envoyer un bref CV (1 à 2 pages) et une lettre de motivation (1 page) au format PDF à l’adresse ecoledete.aorum@inha.fr.
Date limite de candidature : 28 février 2025.
Les candidats retenus seront informés courant mars.
Frais et hébergement La participation à l’école d’été du programme de recherche AORUM est gratuite. Les visites, ateliers et conférences, les feuilles d’or, les déjeuners ainsi qu’un dîner de clôture le jeudi 26 juin sont subventionnés par l’Institut national d’histoire de l’art et les partenaires de l’école d’été.
En revanche, les frais de transport et d’hébergement à Paris pour la durée de l’école d’été sont à la charge des participants, lesquels sont encouragés à solliciter dans la mesure du possible des financements ou frais de mission auprès de leurs institutions de rattachement.
Organisation et partenaires L’école d’été est organisée par l’Institut national d’histoire de l’art en partenariat avec le laboratoire Équipes traitement de l’information et systèmes — ETIS (UMR 8051, CNRS / CY Cergy Paris Université / ENSEA) et l’unité de recherche Histoire des arts et des représentations — HAR (université Paris Nanterre) dans le cadre du projet ANR AORUM (ANR-22-CE27-0010), avec le centre de recherche Histoire culturelle et sociale de l’art — HiCSA (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), l’Institut national du patrimoine et le Musée du Louvre (Direction des Études muséales et de l’Appui à la recherche).
Comité d’organisation Elliot Adam (INHA) et Romain Thomas (INHA / université Paris Nanterre), avec la collaboration de Téoman Akgönül (INHA) et d’Agathe Ménétrier (INHA).
Comité scientifique
Elliot Adam (INHA).
Christine Andraud (Centre de recherche sur la conservation – CRC, CNRS / MNHN).
Vincent Delieuvin (Musée du Louvre).
Sven Dupré (université d’Utrecht).
Mercedes Gomez-Ferrer Lozano (université de Valence, Espagne).
Ann-Sophie Lehmann (université de Groningue).
Sandra Rossi (Opificio delle Pietre dure, Florence). Heike Stege (institut Doerner, Munich). Romain Thomas (INHA / Université Paris Nanterre). Laurence de Viguerie (laboratoire d’archéologie moléculaire et structurale – LAMS, CNRS / Sorbonne Université).
Dan Vodislav (ETIS, CNRS / CY Cergy Paris Université).
Rebecca Zorach (Université Northwestern, Chicago).
We launch the following call for papers for an edited peer-reviewed volume to be submitted to Amsterdam University Press:
The Renaissance appears as a pivotal period in the history of gold in Europe. Conversely, the uses of gold have been seen as pivotal in the definition of the Renaissance. Indeed, art historians have made gold an emblematic material of medieval painting, abandoned precisely from the fifteenth century onwards. In 1942, Max J. Friedländer (On Art and Connoisseurship) described gold as a substance unsuited to the new paradigm of illusionism, and for this very reason abhorred by the most innovative painters. According to Friedländer, gold had moved from the pictorial surface to its margins — the frame. Thirty years later, Michael Baxandall (Painting and Experience in Fifteenth-Century Italy) approached the question from the perspective of social history, arguing that the Renaissance was a time when patrons’ interest in the sheer opulence of the materials gradually shifted towards a more pressing concern for technical skills. Furthermore, Baxandall associated this crucial moment to broader issues in the history of the uses of gold in Europe. Linking these dynamics with a wider phenomenon, rooted in a complex interplay of social, economic and cultural changes, he referred to the decline of certain practices of social display (for example, clothes enriched with precious metals), and also pointed out that gold, which until then had been traded from Africa, circulated less abundantly in fifteenth-century Europe.
Recent research has shown that the historical landscape of the knowledge, symbolism and uses of gold in the Renaissance period deserves to be appreciated in a more nuanced way. For instance, some renewals appear in the uses of gold in painting and sculpture, or continuities with medieval practices. As demonstrated by a series of masterpieces executed by inventive artists ranging from Donatello, Verrocchio and Raphael to Rembrandt and Vermeer, gold was not completely abandoned in the artworks during the early modern era. Gold as a prestigious material still mattered, as illustrated by the well-known summit of the Field of the Cloth of gold (1520), where King Francis I of France and King Henry VIII of England symbolically competed through the display of wealth, or by the nascent myth of the El Dorado. It must also be remembered that, with the arrival of American gold in the mid-sixteenth century, and the new dominance of the Spanish peso as a currency of exchange in Europe (largely replacing the florin and ducat in international trade relations), this period also witnessed changes in the circulation of precious metals and the relationship between currencies.
In adopting a multidisciplinary perspective (e.g. history, art history, heritage science, literature, philosophy), this volume aims to understand the uses and meanings of gold as it pervades all areas of European societies, on a methodologically restricted time-frame (1450-1550). It intends to move beyond traditional research, so as to map out the social and cultural dynamics of this precious and versatile material in Renaissance Europe.
We will welcome innovative proposals, that may address (but should not be limited to) some of the following topics:
-Practical and theoretical knowledge on gold: metallurgy, alchemical practices, humanist thought.
-Continuity and renewal of myths and sacred themes associated with gold and radiance (e.g. the myth of Danaë ; Pentecost etc.).
-New approaches on the economic history of gold (related to e.g. provenance, trade, monetary history).
-Gold craftsmen (e.g. goldsmiths, goldbeaters, gilders), their regulations and mutual relations.
-The artistic uses of gold (goldsmithing, sculpture, illumination, engraving, tapestry, painting, etc.) through, for instance, case studies on the versatility of this malleable material.
-The techniques used to apply this material as they can be reconstructed today by heritage science, as well as the techniques used to preserve the gilding of works of art from the Renaissance.
-The taste for gold in treasures, domestic interiors, sacred spaces, etc. What role did gold play in civic and ecclesiastical decorum? How was gold referred to in sumptuary legislation?
Applications:
Proposals of 350-500 words should be written in British English, accompanied with a short biography, and submitted before 31 January 2025 to Valentina Hristova, valentina.hristova@u-picardie.fr, and Romain Thomas, romain.thomas@inha.fr.
This volume is part of the AORUM project (aorum.hypotheses.org). It will be submitted for publication to Amsterdam University Press, Series Visual and Material Culture 1300-1700. Full versions of the chapters will be double blind peer-reviewed.
Provisional calendar:
-31 January 2025. Deadline for the submission of proposals.
-February 2025. Selection of proposals.
-31 August 2025. Deadline for the submission of full chapters (50.000 characters, including spaces and footnotes, in British English; 5-10 illustrations for which authors will need to pay to source high res digital art files and cover any permissions fees).
-Fall 2025. Final decision after double-blind peer-review.
-December 2025. Final versions of the chapters.
-Winter-Spring 2026. Publication.
Volume editors:
Valentina Hristova (Université de Picardie), Romain Thomas (Institut national d’histoire de l’art / Université Paris Nanterre).
Scientific committee :
Erma Hermens (University of Cambridge), Valentina Hristova (Université de Picardie), Romain Thomas (Institut national d’histoire de l’art / Université Paris Nanterre), Alison Wright (University College London), Rebecca Zorach (Northwestern University).
Peintre anonyme, Triumphe exquise au chevalier fidele, Puy de 1548, huile sur chêne, 190 x 122 cm. Amiens, Musée de Picardie (détail).
De l’or chez Raphaël, Dürer, mais aussi Carrache, Vermeer et Rembrandt ? À rebours d’une histoire de l’art « aveugle » à sa présence, le programme AORUM éclaire les usages de l’or par les peintres européens des XVIe et XVIIe siècles. Comment l’interprétation de leurs œuvres s’enrichit-elle de la prise en compte de ce métal comme un matériau pictural, dont la relation à la lumière, par son éclat métallique, le distingue des pigments habituels ? Les séances de ce séminaire interdisciplinaire (histoire de l’art, optique, sciences de la conservation, humanités numériques) ouvrent un dialogue entre les travaux de spécialistes invités et les premiers résultats du programme.
Le séminaire “Pour une histoire matérielle de l’art. L’or et ses usages dans la peinture de la première modernité” se tient un mardi par mois, entre 16h et 18h30, à l’INHA (Galerie Colbert, 2 rue Vivienne, 75002 Paris). Les séances sont librement accessibles et ouvertes à tous, dans la limite des places disponibles.
Gold in the works of Raphael, Dürer, as well as Carracci, Vermeer, and Rembrandt? Challenging an art historical tradition made “blind” to its presence, the AORUM programme sheds light on the versatile uses of gold by European painters of the 16th and 17th centuries. How can the interpretation of their works benefit from a better acknowledgment of this metal as a pictorial material—one that, through its metallic radiance and unique interaction with light, transcends conventional pigments? The sessions of this interdisciplinary seminar (art history, optics, heritage sciences, digital humanities) intend to foster a dialogue between the works of invited specialists and the preliminary findings of the programme.
The seminar “Towards a Material History of Art: Gold and its Uses in Early Modern Painting” will be held once a month on Tuesdays, from 4:00 pm to 6:30 pm, at the INHA (Galerie Colbert, 2 rue Vivienne, 75002 Paris). The sessions are freely accessible and open to all, subject to availability of seating.
—11 mars 2025. Les métiers de l’or en Europe
Audrey Nassieu Maupas (Ecole Pratique des Hautes Études) et Julien Lugand (Université de Perpignan-Via Domitia), en dialogue avec Elliot Adam et Romain Thomas.
Peter Paul Rubens et Jan Brueghel l’Ancien, Le Sens de la vue, 1617, huile sur bois, 64 x 109,5 cm. Madrid, Museo Nacional del Prado (détail).
Séminaire AORUM | “Pour une histoire matérielle de l’art. L’or et ses usages dans la peinture de la première modernité”
Séance 3 : Les métiers de l’or en Europe
À l’INHA, le mardi 11 mars 2025, de 16h à 18h30 (1er étage, salle Vasari).
Loin d’être l’apanage des peintres, l’or s’inscrit à la confluence de différents métiers à la période moderne. Sous l’angle d’une histoire sociale de l’art, cette séance aborde les relations entre les acteurs comme entre les supports de la création. En ouverture, Audrey Nassieu Maupas, maître de conférences à l’EPHE, présentera les artisans et les métiers de l’or à Paris au XVIe siècle d’après les sources documentaires, tandis que Julien Lugand, maître de conférences à l’Université de Perpignan, reviendra sur les liens entre doreurs et peintres au XVIIe siècle. En contrepoint, Elliot Adam et Romain Thomas interrogeront quelques représentations picturales d’artefacts en or rendus par l’usage de dorure.
Avec Audrey Nassieu Maupas (École pratique des hautes études), Julien Lugand (Université de Perpignan-Via Domitia), Elliot Adam (INHA) et Romain Thomas (INHA/Université Paris-Nanterre).
Giovanni d’Alemagna et Antonio Vivarini, Adoration des Mages, vers 1445-1447, tempera sur peuplier, 115,3 x 179,5 cm. Berlin, Staatliche Museen, Gemäldegalerie (détail).
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Séance 2 : L’or et les peintres entre Moyen Âge et Renaissance
À l’INHA, le mardi 11 février 2025, de 16h à 18h30 (1er étage, salle Vasari).
Dans L’œil du Quattrocento, Michael Baxandall a décrit l’abandon de l’or dans les pratiques picturales comme un phénomène sensible à la fois dans les contrats et dans les écrits de théoriciens de l’art faisant autorité. En ouverture, Alison Wright, professeure à l’University College London, conduira une étude des usages spectaculaires de l’or et du fond d’or dans la peinture du Quattrocento à Venise, à partir de l’atelier de Giovanni d’Alemagna et Antonio Vivarini à Murano. En contrepoint, Elliot Adam interrogera la part de l’or dans les marchés de retables peints conclus en Provence aux XVe et XVIe siècles, tandis que Romain Thomas évoquera l’usage du fond d’or dans la peinture du début du XVIe siècle.
Avec Alison Wright (University College London), Elliot Adam (INHA) et Romain Thomas (INHA/Université Paris-Nanterre).
Pieter Jansz. Saenredam, Nef et chœur du Mariakerk à Utrecht, 1641, huile sur bois, 121,5 x 95 cm. Amsterdam, Rijksmuseum (détail).
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Séance 1 : Le programme de recherche AORUM
À l’INHA, le mardi 14 janvier 2025, de 16h à 18h30 (rez-de-chaussée, salle Walter Benjamin).
Les peintres utilisant encore de l’or durant la Renaissance (et au-delà) sont-ils « retardataires » ? Sinon, leurs commanditaires ont-ils nécessairement des goûts dépassés ? Au-delà d’une présentation des enjeux du séminaire ainsi que, plus largement, du programme AORUM, cette séance introductive sera aussi l’occasion de proposer une vision de l’historiographie des usages de l’or dans la peinture et de présenter l’hypothèse d’un « aveuglement » des historiens de l’art, depuis la naissance de la discipline, à la présence de ce matériau dans la peinture européenne des XVIe et XVIIe siècles.
Avec Elliot Adam (INHA), Christine Andraud (CRCC/CNRS/MNHN), Romain Thomas (INHA/Université Paris-Nanterre), Laurence de Viguerie (LAMS/CNRS/Sorbonne Université) et Dan Vodislav (ETIS/CNRS/CY Cergy Paris Université).
Si les ouvrages imprimés documentant les techniques et procédés de peinture dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles sont bien connus des chercheurs, un nombre important de manuscrits ont été découverts ou redécouverts depuis une quinzaine d’années, donnant lieu à la publication de transcriptions et d’études critiques. Dans le cadre du programme de recherche AORUM, il a paru intéressant de procéder à un examen à la fois global et approfondi de l’ensemble constitué par ces sources manuscrites et imprimées, en prenant en compte celles du XVe siècle qui ont encore cours ou sont copiées au XVIe siècle, comme celles du XVIIIe siècle qui témoignent d’usages du siècle précédent.
François Rebatu, “Receptes. / Extraict d’un petit cayer escript a la main a moy presté par Charles Savreux Compagnon librere & paintre le 23 septemb. 1637”. Aix-en-Provence, Bibliothèque Méjanes, ms. 156 (664), f. 138 : “Pour faire or couleur”
Chacune des sources fait l’objet d’une fiche de recensement permettant d’en comprendre le sujet, le contexte d’écriture et la finalité comme d’en saisir la matérialité, le nombre de pages, d’illustrations, les marginalia et les traces d’usage. En procédant par aire linguistique, à commencer par les sources écrites ou traduites dès leur publication en langue française, nous nous attachons lors de ce recensement à appréhender l’écosystème que ces sources ont constitué, à travers par exemple la similarité des procédés décrits, les dénominations des matières colorantes et la récurrence de certaines expressions idiomatiques.
Une attention toute particulière est enfin donnée aux termes et techniques documentant l’emploi de l’or dans la peinture européenne des XVIe et XVIIe siècles, tels que “or couleur” et “dorure à la détrempe”. Un travail d’analyse permet en outre d’indexer une technique comme la “dorure à la mixtion”, qui n’apparaît jamais sous cette forme dans les sources. Enfin, tous les procédés utilisés pour imiter l’or et ses effets, comme “l’or bel”, sont également indexés.